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5e baromètre Donner des Elles à la santé – Janssen par IPSOS

Pour sa 5ème édition, le baromètre Donner des ELLES à la santé, réalisé par IPSOS avec le soutien de Janssen dresse un bilan de la situation des femmes médecins à l’hôpital et alerte sur les difficultés auxquelles elles font face.

Cette étude, menée auprès de 500 médecins hospitaliers femmes et hommes, permet de comprendre les dynamiques actuelles autour de la satisfaction professionnelle, les aspirations à la responsabilité et les discriminations subies dans le milieu hospitalier, avec un focus particulier sur les violences sexistes et sexuelles, qui résonnent fortement avec l’émergence récente de #MeTooHôpital.

Les résultats partagés aujourd’hui mettent en lumière une libération de la parole limitée aux pairs, mais sans remontée ni partage vers la hiérarchie ou les référents Egalité des établissements. En parallèle, les médecins montrent un désintérêt accru pour les postes à responsabilité, particulièrement marqué chez les femmes de moins de 45 ans (intérêt de 31% des femmes vs 58% chez les hommes).

Après deux mois d’intense médiatisation ayant permis de libérer la parole, Donner des Elles à la santé livre, sur la base de ce baromètre, des mesures concrètes pour enrayer ces phénomènes pouvant impacter le bien-être des soignants comme des patients, ainsi que l’écosystème de santé dans sa globalité.

Un désintérêt croissant pour les postes à responsabilité, en particulier chez les femmes

Durant l’année écoulée, un peu plus d’un médecin hospitalier sur trois (36%) s’est vu proposer un poste avec davantage de responsabilités. Cependant, l’attrait pour ces postes continue de diminuer avec moins de deux médecins hospitaliers sur cinq souhaitant en assumer un (37%).

  • Cette tendance est particulièrement marquée chez les femmes, en baisse de 16 points sur quatre ans (de 46% en 2021 à 30% cette année), tandis que chez les hommes, il est passé de 51% en 2021 à 43% en 2024.
  • Parmi les médecins de moins de 45 ans, l’écart est encore plus significatif : 31% seulement des femmes souhaitent se voir proposer un poste avec plus de responsabilité, quand les hommes y sont favorables à 58%.

Les raisons principales de ce désintérêt sont le manque de temps pour la vie personnelle (80%) et la fatigue et le stress (66%). Ces facteurs sont exacerbés par des pratiques internes, comme les réunions après 18h, incompatibles avec une vie familiale équilibrée. Par ailleurs, des motivations sexistes restent présentes : 39% des médecins que ce soit des hommes qui ont constaté que des femmes se sont vus refuser un poste à responsabilités ou des femmes qui ont directement vécu cette situation l’ont été pour des raisons sexistes (poste incompatible avec des contraintes familiales, risque de tomber enceinte, etc.).

La parole se libère dans un cercle restreint limité aux pairs et non décisionnaires

Les femmes médecins restent confrontées à de nombreux comportements et propos sexistes. Au cours de l’année écoulée :

  • 29% des femmes ont été confrontées à des propos sexistes sur leurs compétences,
  • 26% sur leur apparence physique ou leur tenue vestimentaire
  • 19% à des questions intrusives sur leur vie privée ou sexuelle,

Au total, ce sont 39% des femmes médecins qui ont été victimes de comportements sexistes au cours de l’année écoulée, soit près de 4 femmes sur 10. Face à cela, 56% des hommes médecins ont été témoins de tels comportements sexistes au cours des 12 derniers mois. Mais ils ne sont que 2 sur 5 à les avoir dénoncés (60%).

Car cette faible libération de la parole, qui se limite principalement aux collègues (30% des faits partagés le sont vers des pairs que ce soit par les hommes ou les femmes), s’explique en partie par la méconnaissance des processus et des ressources mis en place dans les établissements. Ce manque de dénonciation des violences a plusieurs conséquences : elle entretient l’omerta et l’impunité pour les agresseurs, tout en empêchant une prise de conscience de la réalité de la situation, car aucun suivi des sanctions éventuelles n’est possible.

Autres enseignements clés

Une satisfaction professionnelle en légère hausse, au même niveau qu’en 2022

Pour la première fois en quatre ans, la satisfaction des médecins hospitaliers connaît une légère hausse. Plus des trois quarts (77%) se déclarent satisfaits de leur vie professionnelle, contre 74% en 2023. Les critères de satisfaction tels que le niveau de responsabilités (90%), le respect de la parité hommes/femmes (82%), et les rapports avec les supérieurs hiérarchiques (81%) affichent des progrès notables.

La parentalité, un motif de discrimination particulièrement pour les femmes

Les femmes médecins restent souvent confrontées à des discriminations liées à la parentalité :

  • 46% des femmes médecins hospitalières déclarent avoir retardé leur projet de grossesse pour des raisons professionnelles.
  • 17% ont été incitées par leur manager à ne pas prendre de congé maternité ou parental à une période définie.
  • Bien que 84% des médecins aient pris leur congé de maternité dans sa totalité, seuls 15% ont été remplacés durant cette période.

Des référents « harcèlement » peu identifiés

Moins d’un médecin hospitalier sur cinq (19%) connaît l’existence d’un référent en matière de harcèlement sexuel dans leur établissement, et seulement 6% savent précisément qui il est.

Perspectives

Marie-France Olieric, Présidente de l’association, souligne l’urgence de soutenir les femmes et de favoriser un changement de climat dans les établissements hospitaliers : « Il est essentiel, face aux violences sexistes et sexuelles (VSS), de clarifier le circuit de décision des signalements, la composition des conseils de discipline, les modalités du retour d’information vers le déclarant. Ceci afin de créer un environnement où les médecins, et particulièrement les femmes, se sentiront encouragées à accepter davantage de responsabilités. »

« Les résultats de ce sondage soulignent également l’importance de sensibiliser sur le harcèlement et de mettre en place des réformes structurelles pour améliorer l’équilibre vie professionnelle/personnelle. La promotion de l’égalité des sexes et l’accompagnement pour libérer la parole sont des changements que l’association appelle de ses vœux depuis sa création. Nous comptons renforcer notre politique de sensibilisation et lancer un programme de mentorat pour répondre à ces enjeux », ajoute Philippe Banyols, Vice-Président de l’Association et Directeur de l’Hôpital de Béziers.

Rendez-vous est pris dès-à-présent pour évaluer l’évolution des discriminations, des VSS et du sexisme à l’hôpital face au plan d’action ébauché il y a quelques jours par le ministère de la Santé. Notre colloque du 3 décembre 2024 à l’HEGP ne manquera pas d’y revenir.